Le Pavillon des Mots

" Il ne coûte rien et produit beaucoup.

Il enrichit celui qui le reçoit sans appauvrir celui qui le donne.

Il ne dure qu'un instant, mais son souvenir est parfois immortel.

Un sourire, c'est du repos pour l' être fatigué, du courage pour l'âme abattue, de la consolation pour le coeur endeuillé.

C'est un véritable antidote que la nature tient en réserve pour toutes les peines.

Et si l'on refuse le sourire que  vous méritez, soyez généreux, donnez le vôtre.

Nul en effet n'a autant besoin d'un sourire que celui qui ne sait pas en donner aux autres.

Chacun d'entre-nous recèle une part de beauté, il suffit de la faire rayonner de l'intérieur vers l'extérieur."

Gibran Khalil Gibran

      De jour en jour, les murs se couvrirent de traces faites de courbes, de lignes, de points. Aucune de ces inscriptions ne correspondait à quoi que ce soit de connu. Elles intriguaient plus par leur nombre qui croissait vertigineusement que par leur réelle signification. Le fait qu'elles apparaissent au petit matin, à des endroits où rien la veille n'était visible, acheva de semer le trouble.

                                                                                                   photo: Abbaye de Senones (88), l'ancienne bibliothèque

    Ne cherchez plus, je viens de le retrouver. Il est bien caché le bougre !!! On ne risquait pas de le retrouver puisqu'on nous a interdit durant un moment l'accès à son domicile. Et pour cause !!! Il est entouré de complices, aussi subversifs les uns que les autres. Pour l'instant, ils agissent en toute impunité, dans l'ombre et la fraîcheur de leurs bunkers. Certains ont toutefois infiltré vos foyers et continuent d'entrenir une flamme douce et  salvatrice. Car il  y a un Feu   plus puissant que  tous  les incendies.                              C'est celui de la Connaissance.    

 Il fallait bien l' admettre, se rendre à l' évidence. Ils étaient perdus. De ce petit groupe enjoué et solidaire ne subsistait plus qu' un fourmillant et nauséeux mélange d'individus apeurés, aux yeux exorbités, prêts à tout pour rebrousser chemin. ....

 Certaines idées ont la vie dure. D'autres naissent au monde, grandissent et s'élèvent mais il leur faut du temps. Le même temps dont a besoin  chaque être humain pour être au Monde.

  Etait-il possible qu'ayant compris qui j'étais, de quoi j'étais faite, elle veuille voir le Monde à travers le filtre de mes yeux ? Se pouvait-il qu'elle puisse avoir compris qu' "être" ne suffisait pas et qu'il existait une autre voie, celle du ressenti et de la perception ? .............

 Soudain, elle tourna ses yeux vers moi . Elle plongea son regard dans le mien. Le temps s'interrompit au point que je ne respirais plus. Elle regardait mes yeux comme on regarderait un ciel étoilé dans l'espoir d'y voir l'invisible. Elle scruta l'infini d'une couleur, le vert, dont le concept  lui était apparu quelques jours plus tôt et dont elle ânonnait à peine depuis peu  l'unique syllabe. Elle se perdit littérallement dans cette verdure parsemée de "petits points" dit-elle. Et là, au moment où je m'y attendais le moins, et alors que je reprenais mon souffle, elle me dit: " Tu me donnes tes yeux ? " .....